Explorons les tensions ( systémiques) entre coaching et consulting 1, afin de voir les antagonismes (structurels) et de réconcilier les contraires 2 3:
La synthèse
- Voir que ce sont les deux facettes d’acteurs de changements ( court et long terme) , actifs et réflectifs, directifs et éduquants, productifs, et développants, etc
- Il faut les deux pour ça marche, c’ est comme expirer et inspirer, en isolation ça ne fait pas de sens,
- poussé à l’extrême, ou quand chacun ne voit que son point de vue, et ses valeurs, ça peut vite s’antagoniser
- Il importe de voir les deux complémentarités , sans les mélanger, et coopérer. ce qui peut être perçu comme un risque, au début ( sortie de la zone de confort)
- C’est finalement la première transformation que les acteurs du changement doivent réussir, dépasser les clichés et voir la valeur globale, combinée (mais distinguée, pas “assimilée”).
Léonardo da Vinci savait peindre, sculpter, et aussi faire de l’ingénierie. Mais … il ne faisait pas tout en même temps. Le Coach “idéal” possède plusieurs métiers, mais sait les distinguer, pour ne pas s’embrouiller !
Élaboration
Regardons les distinctions sur plusieurs aspects ( en forçant un peu le contraste) :
- La résolution de problèmes
- Accroissement de performance
- Horizon de temps et posture
- Mode d’organisations intrinsèque
- Face à l’inconnu, puis dire que je ne sais pas ?
- Self estime
- Compétition- coopération
- Delivery
La résolution de problèmes
- le consultant doit proposer des solutions
-
le coach propose un cadre sécurisé
- permettant de comprendre le problème
- ou de chercher une solution, mais en autonomie par le client/ l équipe
Accroissement de performance
- le consultant vise la résolution de problèmes, ou l’accroissement de la performance par des changements organisationnels ou de process ( actions directives)
-
le coach vise l’accroissement de la performance de l équipe, par l’intégration de (nouvelles / meilleures) compétences ( actions non directives) ( et de pratique , incarnant ces compétences)
Horizon
- le consultant est court-termiste,
- le coach long termiste ( il joue sur/avec le système)
Posture complexe
-
le consultant a une approche basée sur la maîtrise et le contrôle ( l’expertise) – le connu, un “sachant”.
-
alors que le coach sait qu’il est dans l’inconnu (le chaos), le complexe.
Face à l’inconnu, Puis dire que je ne sais pas ?
-
Le consultant : même si on ne sait pas ce qu’on fout, on ne peut pas le dire ! et donc, pas de transparence possible avec le client.
( le cabinet de consultant est recruté comme expert et cher payé, donc pas possible de dire en plus que tu ne sais pas ) -
Le coach agile : toujours prêt à dire qu’il ne sait pas ( mais attention au “festival d’opinion”, une tendance à avoir plein d’opinions, et plus fondées sur des lectures de blogs que l’expérience )
Self estime
-
Le consultant est associé a un expert, un sachant. Il conseille ou produit . S’il n est pas sorti de son prestigieux cabinet, il finit par croire réellement qu’il sait beaucoup .
-
Le coach est souvent un autodidacte, et donc se tape-le syndrome de l imposteur
( de plus en début de « carrière », cela est amplifié par un dunning-krueger (naïveté)
Mode d’organisations intrinsèque :
- Le consultant ( en mode MC) est en hiérarchie stricte: les seniors pensent, les juniors produisent. On est dans l’exigence de production et de résultat.
-
Le coach est deployé face à l’équipe, et souvent seul . Donc sans structure de soutien (et/ou coordination) , et (au mieux) dans des guildes pour l’apprentissage 4. Souvent dans le consensus, – la « co-création » (avec tous les excès du trop plein de bienveillance versus l’authenticité)
Compétition- coopération
- le consultant est compétitif ( up or out)
- le coach est coopératif
Posture ( niveau de dilts)
- le consultant sénior est un conceptuel, le partner un commercial , le junior un exécutant.
- En gros, un coach « agile » est souvent en position « enseignant », (dilts 3) ou « coach performatif » (dilts 2)
- si c est aussi un accompagnant , il peut se placer en mentor/sponsor/ éveilleur
- Dans tous les cas, un « cadre de sécurité » permet/facilite l apprentissage /l expérimentation
Delivery
- Le consultant produit et livre des slides ( que personne ne lit )
- Le coach ne produit rien, ne livre rien 5 . ( ce qui pose problème, dans les yeux d’une organisation “productiviste”)
( Note: des fois, il se trouve en posture consultant par exemple de l’installation de tools, ou de formations )
Elargissement
Les amateurs d’ecocycle auront vu la correspondance:
- le consultant sur la front loop
- le coach se balade en revanche selon les postures, sur la backloop ou en début de front loop . A détailler dans un prochain article, si l’intérêt est marqué 6
Élaboré à partir de conversation débavec Segolene Porot, Jean-Yves Ruault, Damien Madelaine et merci à Catherine Dufrasne pour les commentaires et la relecture
Voir Aussi
- ici nous parlons des “Métiers”. cela inclut le coaching en management (MC), en organisation, les PMO, et les coachs agile, PRO, et exec. Pas les formes “juridiques” ( coach livré a travers une société de “conseil”, etc) . ici on fera dans la vision helicoptère, pour plus de finesse, voir ici ↩
- aller vers le dialogue génératif , plutot que la délibération ou le débat ( battre l autre) voir ici ↩
- souvent les métiers sont distincts, voir les silos “séparés”, ce qui favorise l’antagonisme. si la même personne exerce les deux, sans de claires discintions, cela favorise la confusion , des tensions paradoxales en fait. ↩
- ce n’est pas personnel , c’est structurel. l’absence de structure de coordination favorise l’individualisme, et combinée avec le consensus, dégénère en dé-bandade (l’effondrement de la tribu), et l’absence de structure de soutien favorise l’isolation et l’effondrement psychologique (face aux tensions paradoxales). ↩
- critère tiré du livre coachez les équipes agile : si le coach fait plus que 50% du boulot, de l’effort, ce n’est plus du coaching !! ) ↩
- Osez, osez! faire des demandes en commentaires !! ↩