quick reference pour les #DeliberatePractices

Mise en ligne d’une quick reference pour les #DeliberatePractices .

Le Teaser des Deliberate Practice est « comment devenir un expert ? comment apprennent ceux qui ont un niveau d’expertise (ou de performance) de niveau mondial (WorldClass) dans leur domaine ? ». Est ce un « don »? La génétique ? La réponse de Ericsson, Karl Anders est non: c est de l’apprentissage, mais délibéré. Et c est répétable, donc utilisable pour vous, lecteur !

J’ y vois un intérêt particulier pour créer des team performants 1, donc apprenants, et aussi déboulonner un certain nombre de posture « progressiste » qui confondent « bonheur au travail » avec laisser-aller, ou encore « bienveillance » avec « nonchalance », ou qui ne savent pas différencier travail, jeux et performance.

  • Work is extrinsically motivated, and performance stability and predictability (i.e. that you’ll get the job done) are paramount, performance growth is not.
  • Play is intrinsically motivated and pleasurable, but not goal-directed, and not structured to improve performance.
  • Deliberate practice is structured, effortful practice, usually not pleasurable, focused on specific performance bottlenecks.

le topo sur les representations mentales me parait très en cohérence avec ce qui m’apparait nécéssaire dans la zone 1 d’emergence, ce qui est nécéssaire pour l’innovation.

Tiré du livre de Ericsson,

Ericsson, Karl Anders, and Robert Pool. 2016. Peak: Secrets from the New Science of Expertise. Boston New York: Houghton Mifflin Harcourt.


Merci a Julien Sobczak pour m’avoir branché sur le sujet.
Je ne connaissais alors que la version de Malcolm Gladwell dans son livre « Outliers », la règles des 10000h, lui même inspiré d’un papier de Eriksson de 1993… Et c est en réaction aux interprétations qui tournent autour de cela, que Eriscsson à écrit sa Version de l’histoire, et notamment la distinction Naive practice- Purposeful -Deliberate

Je fais ça en anglais, pour que ca serve un plus grand public. Y à t il un intérêt à avoir cela en français ? Si il y a un intérêt exprimé, je traduis…


  1. la performance n’est pas une fin en soin, mais est nécéssaire pour rendre possible un progrès vers de plus hauts niveaux, soit dans la circulation de l information ( qui reste en « blame culture » ou « bureaucratique », alors qu’une culture apprenante se veut « générative ») , ou dépasser le basic bleu/orange de la spirale dynamique, pour permettre l autonomie. 

Comment planter sa Transfo – Partie 3

Ceci est la troisième partie de ce billet

Agile ou Innovation ?

L’échelle d’émergence permet d’estimer le niveau d’inconnu d’un projet (ou inversement, son degré de déterminisme, de prédictibilité) .

  • L’agile c’est la zone 2, pour tester la faisabilité d’une idée (existante), de manière incrémentale et itérative,
  • la zone 3 ce sont les petites séries
  • la zone 4 la production stable, à grande échelle.
  • Et l’innovation c’est la zone 1. L’émergence des nouvelles idées, trouver le sens 1, évaluer les options.

Transformation ou Projet ?

Il ne suffit pas d’aligner des projets innovants pour se transformer (encore moins de « faire tourner la boite comme d’habitude »).

Le management mindset__ induit par le système est court-termiste et orienté sur les résultats. Le but est de _conserver une manière de travailler ensemble, basée sur des idées qui marchent et qui sont efficientes.

ll faut un autre mindset pour la création d’une vision (ou pour faire de l’innovation).
Cela va créer des tensions dans les personnes ( les « managers ») qui vont essayer de faire cohabiter les différents mindsets en eux, sans avoir la clarté des différences 2.

La solution est donc l’acquisition de ces mindsets par les « seniors » ( Managers et autres Experts) et non par leur remplacement, ou par l’outsourcing de la transformation.

L’Ecocyle nous montre les différences de mindset nécessaires à la création d’une vision, et met en valeurs les biais et trappes de chaque mindset.

C’est le fait de « voir les tensions » qui va permettre de dépasser une situation en apparence insoluble.3

Résistance au changement, Aversion au risque

Dans une population donnée (de « doer » ou de manager), l’attrait du changement, et l’aversion au risque varie (en fonction de leurs valeurs). En gros, la majorité est passive (60 %) , 20% de moteurs, et 20 % de résistants actifs.

Il faut donc dessiner des stratégies d’engagement spécifiques à chaque « segment », et non une même stratégie pour tous .


  1. dire ce qu’on ne fait pas , et pourquoi 
  2. des [injonctions paradoxales][injonctionsparadoxales] (ou doubles contraintes) en fait, et c’est tout l’objet des deux premières parties. On sort d’une injonction paradoxale en re-lisant la situation d’un niveau différent (le « re-cadrage »), avec l’utilisation de l’humour par exemple ou en « voyant les tensions ». 
  3. Les problèmes complexes ne se résolvent pas , ils se dissolvent— Edgar Morin 

Modéliser les réactions face au changement

La métaphore du point d’eau

Imaginons du changement chez Néanderthal . Une tribu est rassemblée autour de son point d’eau, et quelqu’un dit un matin « oh oh on dirait que l’eau, elle baisse ». Un autre ajoute «  il faudrait peut-être bouger, et je crois qu’il y a un point d’eau un autre point d’eau ,par là-bas à 5 km , mais faut traverser le désert ».
À ce moment là qu’est-ce qui peut se passer ? Un certain nombre ont d’envie d’y aller, un certain nombre crient et ont peur de bouger, une grosse majorité regarde les deux camps argumenter, puis se battre. Certains disent «  est-ce que l’eau baisse vraiment? Moi je ne le vois pas … » . D‘autres  : « est-ce que c’est par là ? Est ce qu’on va arriver à traverser ce désert ? »  etc.
Dans cette métaphore du changement de point d’eau, quel type d’émotions sont présentes et quel type d’attitude cela génère-t-il ?

l’émotionnel

Nous voyons les émotions suivantes :

  • Excitation ( retombe si pas soutenu)
  • Tranquille
  • Partagé / hésitant
  • Peur / panique qui va générer de la colère ou de la  déprime

Et cela met en mouvement (e-motion) les attitudes suivantes:

  • motivation
  • passivité , hésitant ; sceptique à bougon
  • résistance active ( résistance vocale/ sabotage / entrave / combat )

Gallup

Si on porte la métaphore de la tribu vers une entreprise, il est intéressant de rappeler le sondage Gallup de 2009 1, décomptant 85 % d’employés non engagés. Cela avait fait pas mal de bruit à l ‘époque , et ce sondage est renouvellé et confirmé tous les ans depuis. Cela se réparti ainsi (en Europe):

  • 15 % activement engagé
  • 65 % passif
  • 20 % activement désengagé

"engagé au boulot-wordl"

variation géographique

On notera une similarité potentielle, comme suit :

aspects + O
émotion Excitation Tranquille – Partagé – hésitant Peur /panique
attitude motivation passif résistance active
gallup activement engagé (15 %) passif (65%) activement desengagé (20%)

la sociodynamique

En fait il existe une approche (française) qui mesure la synergie et l’antagonisme 2 des acteurs autour d’un projet, et qui nomme les différentes positions : la sociodynamique . L’analyse des positions est plus fine que précédemment,


On notera la corrélation des chiffre avec précédemment : 20 % au ailes, 60 % au centre.
Les stratégies possible sont recensées, et une recommandation importante est de ne pas tomber dans le piège de consacrer tout son temps à essayer de convaincre les antagonistes, mais de s’allier avec ceux qui veulent avancer.3

On notera une similarité potentielle, comme suit :

aspects + O
émotion Excitation Tranquille – Partagé – hésitant Peur /panique
attitude motivation passif résistance active
gallup activement engagé (15 %) passif (65%) activement desengagé (25%)
sociodynamique engagé – aligné – moteur (20 %) passif – Partagé – hésitant (60%) opposant – irréductible (20%)

première synthèse

On peut noter une similarité qui commence à se dégager, tant qualitative que quantitative.
mais certaines de ces approches traitent d’une réaction face à un changement, d’autres face à un projet 4, d’autres de toute une entreprise 5.
En même temps, il est clair qu’aujourd’hui plus aucune entreprise n’est «fixe», et donc on pourrait considérer qu’une entreprise, c’est un «projet d’entreprise», en constante évolution et que «seul le changement est constant» ( – Héraclite)

Nous reviendrons plus tard, sur la qualification du changement, c’est à dire qu’il soit petit ou gros, technique ou identitaire, imposé ou choisi. Laissons cela de coté pour l’instant.

Par contre, les vue précédentes donnaient une vue «statique», un instantané à un moment donné. Ce qui pourrait amener à «mettre les gens dans des cases».

Or, même si tout le monde ne bouge pas à la même vitesse, dans ma carrière, j’ai vu des positions évoluer, et des gens s’adapter, voire se transformer. Moi le premier :-).

Et si les cases restaient, mais si les personnes pouvaient bouger de cases, au cours du temps ?

Essayons d’imaginer une vision plus dynamique que statique du changement.

vision dynamique

Rogers

Le modèle de Rogers examine comment se diffuse une innovation, que cela soit les nouvelles semences de blé en 1920 ou plus récemment à la technologie 6.

Et si on considérait une transformation comme une diffusion de l’innovation managériale , une culture comme une diffusion de nouvelles pratiques, de nouvelle croyances, de nouvelle valeurs ?

Présentons rapidement le modèle de diffusion de l’innovation de Rogers, avant de l’appliquer à notre cas.

• Innovateurs: créer de nouvelles idées, matériaux, processus et plus
• Adopteurs précoces : appliquer de nouvelles idées dans la pratique du monde réel, en les améliorant de manière itérative
• Première majorité : travailler avec de «nouvelles» idées qui semblent déjà prouvées dans la pratique du monde réel
• Majorité tardive : appliquer de nouvelles idées, etc. seulement lorsqu’elles sont entièrement établies et routinières
• Les retardataires : n’appliquer de nouvelles idées, etc. que lorsque cela est «forcé», comme lorsque les anciennes cessent d’être disponibles.

On notera la encore une corrélation sur le chiffres, la majorité , ( première et tardive) autour de 60 %, et les ailes actives a 20 % ( motivés et « forcé ») 7

aspects + O
émotion Excitation Tranquille – Partagé – hésitant Peur /panique
attitude motivation passif résistance active
gallup activement engagé (15 %) passif (60%) activement desengagé (25%)
sociodynamique engagé – aligné – moteur (20 %) passif – Partagé – hésitant (60%) opposant – irréductible (20%)
innovation innovateurs (2,5%)- Adopteurs précoces (13,5 %) Majorité (Première -Tardive) (68%) retardataires (13,5%)

Wardley


Wardley 8 présente une évolution de la technologie qui va de la genèse au sur-mesure, puis au produit et enfin à la marchandise (commodité) . Par exemple, une centrale électrique, c’était quelque chose d’émergent en 1830, et aujourd’hui, l’électricité, c’est banal et maitrisé, une commodité.

Par ailleurs, Wardley utilise une métaphore et associe trois 3 type de rôles et attitudes bien spécifiques qui permettent de passer de la genèse au produit : les pionniers, les colons, les urbanistes:

– Pionniers: invention et innovation, trouver l’émergent et le nouveau – guidés par la vision, le but, les principes
– Colons: affiner l’émergent et le nouveau en quelque chose de réel, d’utilisable et de pratique – guidé par des modèles (patterns) et des lignes directrices (guidelines)
– Urbaniste: ajustement fin dans contexte spécifique – guidé par des algorithmes et des analyses

Tom Graves étend ces rôles et les croise avec Rogers.

– Exploitants: un fonctionnement à l’efficacité maximale – guidé par des règles et des procédures
– Résidents : rétention et réutilisation après la fin de la production principale – guidé par la vision, le but, les principes

Il est intéressant de voir la similitude de ces rôles avec les motivations des segments de Rogers.

aspects + O
innovation innovateurs (2,5%) Adopteurs précoces (13,5 %) Majorité Première (34%) Majorité Tardive (34%) retardataires (13,5%)
innovation créer rendre applicable l’innovation utiliser des idées éprouvées maximiser et procéduraliser conserver
Wardley Pionniers Colons Urbaniste Exploitants Résidents
Wardley trouver l’émergent et le nouveau affiner l’émergent en utilisable ajustement fin dans un contexte efficacité maximale rétention et réutilisation

La Spirale Dynamique

La spirale décrit comment les croyances et valeurs des individus et des groupes évolue à travers ses phases de développements. 9

Nous proposons l’hypothèse suivante de correspondance entre la spirale 10 et les segments de Rogers. Notons que cela suit la progression de la spirale à une exception près, sur laquelle nous allons revenir.

  • L’activement désengagé est conservateur, le changement le met en colère, il va affirmer ses principes, et va se positionner en rouge.
  • Au milieu, la majorité est mue par l’esprit de groupe : l’ordre pour bleu et garder le lien pour vert.
  • Les oranges recherchent la performance, sont prét à se démarquer du groupe, de manière individualiste et vont utiliser les innovations de jaune, mus par la découverte, pour les rendre applicables et sur-performer.
aspects + O
innovation innovateurs (2,5%) Adopteurs précoces (13,5 %) Majorité Première (34%) Majorité Tardive (34%) retardataires (13,5%)
innovation créer rendre applicable l’innovation utiliser des idées éprouvées maximiser et procéduraliser conserver
Spirale Jaune Orange Vert Bleu Rouge
Spirale découvrir performer Lien bienveillant ordre et discipline Affirmation de soi (par la force)

Il est à noter qu’on retrouve l’ordonnancement de la spirale à l’exception de vert et orange, intervertis. L’explication que j’y voyais, c’est que les innovateurs et adopteurs précoces sont plutôt individualistes, pensent par eux même, de manière indépendante, et ne sont pas bloqués par la valorisation de la primauté du groupe. Par contre, cela sera le cas de vert, qui pour privilégier le lien, va attendre que tout le groupe soit d’accord, embarqué, 11 et donc que tous aient validé l’innovation pour se lancer, ou bleu, qui prime l’ordre établi ( et qui ne le changera que sur ordre express de l’autorité légitime).

Carte croisée de synthèse

Voici une carte croisée juxtaposant les différents modèles, ainsi que les attributs et motivations

aspects + O
émotion Excitation Tranquille – Partagé – hésitant Peur /panique
attitude motivation passif résistance active
gallup activement engagé (15 %) passif (60%) activement desengagé (25%)
sociodynamique engagé – aligné – moteur (20 %) passif – partagé – hésitant (60%) opposant – irréductible (20%)
innovation innovateurs (2,5%) Adopteurs précoces (13,5 %) Majorité Première (34%) Majorité Tardive (34%) retardataires (13,5%)
innovation créer rendre applicable l’innovation utiliser des idées éprouvées maximiser et procéduraliser conserver
Spirale Jaune Orange Vert Bleu Rouge
Spirale Découvrir performer Lien bienveillant Ordre et discipline Affirmation de soi (par la force)
Wardley Pionniers Colons Urbaniste Exploitants Résidents
Wardley trouver l’émergent et le nouveau affiner l’émergent en utilisable ajustement fin dans un contexte efficacité maximale rétention et réutilisation

On peut y distinguer une forme émergente, cohérente.

Conclusion

Cela offre des éléments de langages, pour raisonner et modéliser les groupes de réactions face au changement12. Juxtaposer les différentes approches permet de dégager des croisements fertiles, des stratégies et d’éviter des erreurs tactiques (sociodynamique), et de proposer des solutions d’évolutions pour les individus dans les organisations (Spirale), et de calibrer en fonction du degré d’émergence des projets, et des mindsets effectifs et requis (Emergence, Wardley).

Cela permet aussi d’éviter les pièges d’approches bien pensantes mais simpliste, très en vogue aujourd’hui, mais souvent monolithique, ou il est imaginé que tout le monde va marcher sous la même bannière, au même pas, au nom d’un dogme supérieur.13

Une fois l’illusion de la simplicité abandonné, on peut alors élaborer des stratégies réalistes, calibrées pour chaque groupe, par exemple, où les groupes les plus motivés décollent en premier, et entrainent les autres, qui se mettent alors en mouvement, certes plus long et plus lent, mais propagent ainsi le changement de groupe en groupe.

Nous nous étendrons sur ces conclusions dans un prochain article, si l’intérêt est marqué.

Tags: #emergence, #diffusion, #change, #SD, #transformation, #sociodynamique, #published

Related :

Transformation d’organisations

Synthèse de la sociodynamique


  1. Échantillons de 200 000 employés: http://news.gallup.com/poll/165269/worldwide-employees-engaged-work.aspx 
  2. aussi appelée coopération et opposition, selon les éditions. 
  3. les différentes stratégies seront traitées séparément dans un autre article. 
  4. (sociodynamique) 
  5. (Gallup) 
  6. La version popularisée par Goffrey Moore à lancé l investissement dans la bulle internet 
  7. ne nous laissons pas abuser par l’apparente précision des chiffres içi, tout dépend de la skew et de la kurtosis de la courbe , qui en réalité n’est pas si symétrique, et qui a une fat tail. mais ca ira bien pour notre propos ici, qui relève plus de la métaphore que de la mesure de précision :-) 
  8. Une explication des Wardley map se trouve ici. Nous l’utilisons dans notre échelle d’emergence 
  9. par exemples pour l’autonomie: ( beige-violet-rouge-bleu) (Dépendant (Enfant), orange: Indépendant (Adolescent), vert: Autonome (Adulte), jaune: Interdépendant) . 
  10. La spirale est un « code couleur » posé sur des ensembles cohérents de croyance et de valeurs, qui représente le développement d’un humain, d enfant à adulte, et aussi des phases de civilisation. On note une alternance individu-groupe, chaque niveau se construisant en réaction face aux limites du précédents. 
  11. la « glue » du consensus, auquel on échappe par le haut avec le consentement, ou par le bas, avec la stricte directivité
  12. En gardant bien en tête les biais de généralisation et autres biais cognitifs, ou des approches réductionniste pré-complexe. voir Morin -sociologie à ce sujet . 
  13. La sociodynamique, par exemple recense quels groupes sont intéressés et motivé par des approches participatives, et malheureusement, il s’avère que la majorité n’est pas motivée par des approches participatives (par exemple, les passifs, les plus nombreux, qui sont l’enjeu d’une transformation, et qui ne veulent pas en être les acteurs, seront rebutés par une approche participative, tout en détectant une facilitation-manipulation, qui va les braquer). Une approche participative simpliste, même bien intentionnée, à donc toute les chances de patiner après avoir embarqué les 20 premiers % , si elle ne s’englue pas avant sous les sarcasmes des irréductibles. 

Émergence et autonomie. Partie 1

Essayons de voir comment le niveau d’émergence, d’innovation, impacte l’autonomie des équipes et des managers.

Pour cela , commençons pas définir et mieux appréhender l’émergence, puis dans un deuxième temps, examinons les impacts pour le management opérationnel.

l’E-mergence selon Franco Orsucci 1

Partons de l’ étymologie (Merriam-Webster, 1998) : émergence et (EN:Merge) fusion. Alors que le premier est plus souvent cité et discuté, le second est souvent négligé. Or il est difficile de définir et de comprendre le premier sans le second et vice-versa.

Fusionner (EN:Merge)– étymologie: latin mergere; semblable au sanscrit Majjati («il plonge»).

Sens transitifs:

  • Archaïque, plonger ou engloutir quelque chose, immerger ;
  • provoquer la fusion, l’union ou la coalescence ;
  • se mélanger progressivement par étapes qui brouillent les distinctions ;

Sens intransitif:

  • se combiner en un seul ;
  • se mélanger ou se réunir sans changement brusque ;

Synonymes : mélanger, amalgamer, composé, fusionner, interférer, entremêler

Emerge – étymologie: latin emergere, de ex + mergere plonger.

Sens (intransitif):

  • se manifester ;
  • sortir de, ou arriver en vue d’un fluide enveloppant ;
  • se lever d’une position ou d’une condition obscure ou inférieure ;
  • naître à travers l’évolution ;

Synonymes : apparaître, surgir, se dessiner, montrer.

Mots apparentés : dériver, originer (donner naissance), naître, avancer ; surgir, se matérialiser, s’élever ; viens (en avant), sors, émane, coule, émets (en avant) ; procéder.

Idiomes : apparaissent à l’horizon, entrent en scène, sortent à découvert, se révèlent, font leur apparition.
Mots Contrastés : disparaissent, se fanent; évaporer; dissoudre.

L’émergence apparaît donc comme une manifestation progressive, évolutive.
Regardons ce que cela donne pour une technologie, dans le monde de l’entreprise 2 .

Wardley Maps

De manière plus opérationnelle, Wardley 3 crée une représentation qui montre l’évolution d’une technologie en quatre époques 4, ou étapes, qui montrent comment les aspect de la technologie qui émergent et se diffusent deviennent plus répandus et communs et ont alors moins de valeur ajoutée et deviennent juste un coût pour faire tourner le business.

Ce voyage commence de l’innovation d’une nouvelle activité (sa genèse) jusqu’à la mise à disposition d’une marchandise (EN:commodity) omniprésente et normalisée . Au cours de ce voyage, de nombreuses itérations de l’objet peuvent apparaître (améliorations fonctionnelles) qui se diffusent dans la société.


5
L’évolution commence avec la genèse d’une activité (par exemple la première batterie, le premier téléphone,la première télévision, le premier ordinateur) et ensuite des exemplaires construits sur mesure sont réalisés, suivis d’un stade de développement en produit (amélioration constante des générateurs, téléphones, téléviseurs, ordinateurs), l’introduction de modèles de location pour l’activité, puis la marchandisation (EN:commodity ) et enfin (le cas échéant) création de services publics (EN:utility). Wardley utilise couramment le terme de marchandisation (EN:commoditisation) pour décrire cette voie d’évolution.

Pour l’électricité, cela va de la batterie Parthian, aux générateurs d’Hippolyte Pixii , puis de Siemens à l’usine Westinghouse pour la fourniture d’électricité de courant alternatif.

Pour l’informatique, de l’ordinateur Z3 aux exemplaires sur mesure tels que LEO (Lyons Electronic Office) au premier produits (IBM 650), à la location de services (Tymshare) à la fourniture de produits de base de l’infrastructure informatique. (Amazon 2006, le Cloud)

Implication

Le but initial des Wardley Maps 3c’ est avant tout de la schématisation de la chaîne de valeur 6 pour visualiser et opérer sur la stratégie, mais pour le point de ce qui nous intéresse ici, il s’agit juste d’utiliser cette modélisation de l’émergence pour les implications sur les profils et le management opérationel, et plus particulièrement gagner en clarté sur la gestion de l’autonomie .

L’environnement aux extremes

Et donc aux deux extrêmes de la chaîne de l’émergence, l’environnement sera très différent, et donc les méthodes, les styles de management, et les profils adaptés.

Contrastons les deux environnements, coté genèse et coté marchandisation :

  • inexploré contre industrialisé
  • chaotique contre ordonné
  • incertitude contre ordonné
  • non-prédictible contre mesurable
  • changeant contre stable
  • différencié contre standardisé
  • excitant contre évident
  • hors de coutume contre essentiel
  • rare contre ubiquitaire
  • incompris contre défini
  • expérimental contre opération à l’échelle
  • avantage compétitif contre un simple coût de fonctionnement

Dans et entre ces deux environnements, différents types d’organisations sont nécessaires pour travailler, ainsi que de tournure d’esprit .

Méthode

coté genèse, on cherche l’émergence de nouveau produit avec des méthodes comme lean startup ou design thinking. Le développement de ces produits pourra se faire en agile, la productisation avec lean et le dernier quart sera 6 sigma voire l’outsourcing.

Mindset

La mentalité des personnes et les postures varie fortement également, et Wardley emploie la métaphore Pionniers – Colons – Urbaniste pour les décrire . (PST) :

Dans le diagramme ci-dessus, les «pionniers» stimulent l’innovation, les «colons» (EN:Settlers) prennent les innovations qui en résultent et les transforment en produits, puis les «urbanistes» (EN:Town planners) prennent ces produits et intensifient la production, générant ainsi une rentabilité pour l’entreprise. 7

Bien évidement, en forçant le trait, celui qui va explorer l’Amazonie et travailler dans une administration, ne se « gèrent » pas de la même manière.

Conséquence organisationnelle

L’environnement est très distinct de part et d’autre , et il faut les 3 dans la chaîne de valeur, mais les 3 ne fonctionnent pas de la même manière , et ne se gèrent pas de la même manière (et donc ça marche très mal lorsque on essaye de les gérer de la même manière, avec un modele « même taille pour tous » )

C est ce dont nous allons parler dans la partie 2 de ce billet.

Mais que vous invoque déja tout cela ? en voyez vous des applications dans votre profession ? votre vie privée ? Discutons – en a travers les commentaires …


  1. Changing Mind: Transitions In Natural And Artificial Environments – Orsucci Franco F – (Institute for Complexity Studies, Rome, Italy) 2002 -This book applies complexity theory to cognitive science. ISBN: 9789814488372 
  2. L’émergence couvrira les multiples formes d’innovation, de rupture ou pas, produit, fonctionnelle ou process, etc. 
  3. Wardley était initialement le CEO d’une startup en recherche de clarté ( fotango, 2005) 
  4. http://www.wardleymaps.com/uploads/9/5/9/6/9596026/future-is-predictable-v12.pdf P16 
  5. Le schéma n’est pas un schéma de diffusion (c’est-à-dire d’adoption en fonction du temps) (Rogers) mais d’évolution (ubiquité vs certitude). Ils ne sont pas identiques, bien que les deux motifs aient la même forme (S-Curve). 
  6. VCM: value chain mapping 
  7. voir aussi Adoption et Evolution Technologique, et Gestion du cycle de vie, un billet de Tom Graves, traduit en français. 

L’autonomie, ce n’est pas l’indépendance

Des équipes plus autonomes, c’est souhaitable, mais ce ne sont pas  des équipes indépendantes.

L’autonomie ce n’est pas l’indépendance

L’autonomie commence quand le chef cesse de  tout décider,

et l’indépendance c est quand le chef ne décide plus rien . Ce n’est pas le but.

Si ce n’est pas différencié, la confusion peut engendrer de l’anxiété dans la transition vers des équipes plus autonomes. et donc la freiner.

Illustration

Illustrons ça avec l’échelle du serious game delegation poker   :
– de 1 à 3, c’est encore le chef qui décide tout.
– l’équipe commence à décider à partir de 4 , c est l’autonomie.
– et à 7 le chef ne décide plus ,  et donc c’est l’indépendance.

cartes

1.Dire : vous prenez la décision en tant que manager et vous informez l’équipe de cette décision
2.Vendre : vous prenez la décision mais vous essayez de convaincre les personnes du bien fondé
3.Consulter : vous prenez la décision mais après avoir écouté et pesé les commentaires de l’équipe
4.S’entendre : vous prenez la décision avec l’équipe d’égal à égal
5.Conseiller : Vous tentez d’influencer la décision mais cette dernière est prise par l’équipe
6.Enquêter : Vous laissez l’équipe décider et ensuite vous vous renseignez sur la décision et leur motivation.
7.Déléguer
: aucune influence, vous laissez l’équipe s’en sortir toute seule

On pourrait considérer que 7 est l’autonomie ultime. C’est un leurre. forçons un peu le contraste 1 pour le voir:

Une organisation dont toutes les équipes seraient totalement indépendantes ne serait plus une organisation au sens  classique du terme. Plus personne ne se soucierai de contribuer . C’est le chaos. A quoi bon alors être ensemble ?

idem pour une équipe dont tous les membres seraient totalement indépendants.

ça n’aurait donc pas de sens.

Impact

Quand le chef décide tout, ça va empêcher  l’équipe de se développer en s’appropriant des décisions, et de développer les nouvelles compétences qui vont avec.
plus d’autonomie permet donc le développement des équipes en  responsabilités et en compétences.

Intelligence collective

Donc autonomiser est un acte d’intelligence de la part du chef.

ce qu’a priori tout chef pourrais  souhaiter, à lui et ses équipes :
– lui il travaille moins
– et son équipe est plus motivée, travaille plus, et mieux.

Et cela développe  les managés.
C’est donc un acte qui fait progresser  l’intelligence collective.

Plus

L’autonomie fait partie des trois composantes de la [non directivité], le Paradigme  qui permet les organisations libérees, innovantes et agiles.

 

 


  1. dans la réalité, le niveau de délégation varie avec les décisions, et ce n est pas si blanc ou noir. 

les nouveaux silos d’ado

Et si vous remplaciez vos managers dans vos silos par des adolescents ? Est-ce que ça serait un progrès ?

Déjà, où se situe un adolescent dans l’autonomie ?

  • Un enfant est dans la dépendance de ses parents (qui subviennent à ses besoins vitaux).
  • Un adolescent se construit une pensée indépendante, en passant par l’étape de Contre dépendance, dire non.
  • Un adulte devient autonome lorsqu’il est capable de subvenir à ses propres besoins.
  • Il peut même accéder à l’interdépendance, en prenant en compte les besoins des autres au même titre que les siens, à parité.

Et un « employé » dans un silo, il est comment ?

En poussant la caricature , on dira que l’injonction de base, c’est : « fait ce que ton chef te dit ».

Peut-il dire non ? pas trop souvent, pas trop fort … sinon c’est l’exclusion. c’est comme ça que ça fonctionne, et on l’apprend vite.
Le chef a lui-même un chef, qui a un autre chef etc.

Coté posture, c’est une pyramide d’enfants empilés.

Et un jour, une nouvelle injonction surgit : « prenez des initiatives ».

Oups, comment je fais ça ? C’est un peu en contradiction avec mon conditionnement car ça fait 20 ans que je me conditionne à m’aligner sur la pensée des autres .

Les dernières tendances en matière d’organisation, c’est même « auto-organisez-vous ».

Ouah ! génial ! on me demande de passer de la dépendance à l’interdépendance, d’un seul coup ! YAKA !

Euh ? quelqu’un a une idée ?


Pour nous aider, Martine Marenne nous dit que :

On ne peut passer directement de la dépendance à l’interdépendance

Pour arriver à l’autonomie, il est nécessaire de passer par les étapes intermédiaires de contre dépendance et d’indépendance.

De la dépendance à la contre dépendance : la personne perd le confort d’être pris en charge. Elle s’autorise à dire non.

De la contre dépendance à l’indépendance : la personne prend sa part de responsabilité dans la relation, dépasse sa ou ses peurs et assume ses choix.

De l’indépendance à l’interdépendance : la personne renonce à la tyrannie d’imposer ses besoins, ses règles, son propre rythme.

(Chaque passage nécessite de faire un deuil qui, conformément au modèle d’Elisabeth Kubler-Ross, comporte cinq étapes : le déni, la colère, le marchandage, la tristesse, l’acceptation.)


Donc en fait si j’ai compris ce que Martine me dit, et je l’applique aux petits silos que j’ai devant moi, qu’est-ce que je vois ?

  • que l’employé du bas de la pyramide va devoir perdre un peu de son confort de prise en charge et dire non de temps en temps.
  • pour devenir son chef, il va prendre ses responsabilités, faire des choix et les assumer.
  • et le chef de son chef, va renoncer à imposer ses règles et son rythme à tous.

Eh ben quand j’vois tout ça, je me dis : ça va bouger dans les silos !

Finalement, toute cette histoire d’autonomie, c’est un peu effrayant ! Je me demande si j’en ai le courage ! et l’envie ..

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